Premier succès du très bon Tsukasa Hôjo, le manga mérite qu'on revienne un peu dessus.

CAT'S EYE - Tsukasa Hôjo

Rui (Syllia), Ai (Alex) et Hitomi (Tam) sont trois soeurs qui gèrent un bar face au comissariat de police. Ceci à toute son importance quand on sait, d'une part qu'Hitomi sort avec un jeune inspecteur fougueux (Toshio -Quentin Chapuis-) de ce commissariat et que d'autre part, nos trois soeurs ont une autre activité quand vient le soir. En effet, filles (dont personne n'a connaissance) du grand peintre Heintz, disparu durant la Seconde Guerre Mondiale, elles sont à la recherche de leur père en réccupérant les oeuvres de celui-ci qui contiendraient des indices. Voilà donc nos trois demoiselles enfilant des collants la nuit et qui agissent sous le nom de Cat's Eye. Les Belles n'ayant peur de rien, elles envoient une carte de visite à chaque fois qu'elles vont commettre un larcin. Histoire de ne pas avoir mauvaise conscience ? Hum... Peut-être... Ou pas... Hôjo nous ayant pondu une explication satisfaisante dans son manga. Et devinez qui est sur l'affaire Cat's Eye au comissariat d'en face ? Eh oui, c'est bien notre Toshio. Vous comprenez donc que c'est d'autant plus facile pour les Cat's d'évitez les pièges que tend la police à chaque fois, puisque Toshio a une fâcheuse tendance à être bavard quand il est avec Hitomi (après tout, quoi de plus normal pour un couple)... Seulement, assez vite une jeune inspectrice (Mitsuko Asatani -Odile Asaya-) qui a du mordant (la jambe d'Hitomi en fera les frais) va mettre son grain de sel et très vite soupçonner nos trois soeurs d'être les Cat's Eye. Dès lors, il s'agira aussi d'écarter le plus souvent les soupçons de cette inspectrice bien gênante. La chasse aux tableaux peut commencer.

Ceci n'étant un peu que le début de l'histoire que l'on connaît tous (plus ou moins, mais si !) via le dessin animé... Beaucoup plus sérieux que son homologue de papier. D'ailleurs, le manga fini par moins s'intéresser aux vols des oeuvres d'arts que des personnages eux-mêmes. Qui plus est, ils sont aussi plus nombreux. En effet, des seconds couteaux n'apparaissent que dans le manga. Ce qui est le cas du Rat (Nezumi -souris- en vo), le jeune journaliste Masato Kamiya qui est un concurrent pour les Cat's puisqu'il est aussi voleur. Et d'ailleurs, il n'est pas que le concurrent de Cat's Eye, puisqu'il est tombé amoureux d'Hitomi, d'où la compétition entre lui et Toshio (et ce, malgré le fait que Masato soit son ami). Deux autres énergumènes viennent compléter les personnages inédits en animés. Il y a tout d'abord Takéuchi (le petit) et Takeshi Hirano (le mec qui n'enlève jamais ses lunettes noires). Ces trois personnages apportent une bonne touche d'humour a un manga qui n'en manque pas.

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Les Trois Soeurs Kisugi version Voleuses de nuit dans un dessin fait après l'arrêt du manga.


Un manga qui ne manque pas non plus de relations amoureuses, il faut voir comment ça fuse dans tous les sens. Surtout si on prend en plus l'alter ego des trois soeurs Kisugi (Chamade). En effet, si Toshio aime Hitomi et réciproquement, au fur et à mesure des affrontements entre Cat's Eye et Toshio, ce dernier va progressivement tomber amoureux de la voleuse. Hitomi devient jalouse de cette relation ambiguë avec son alter ego (et pourtant, dieu sait qu'elle va en profiter à de nombreuses reprises). Rien que ce triangle très particulier est assez intéressant. D'autant plus qu'il est très développé (beaucoup plus que dans l'animé) tout au long des volumes. Mais il faut aussi rajouter Takeuchi qui s'entiche d'Aï tandis que Takeshi s'éprend de Rui. Tout ça amène pas mal de quiproquos et de rebondissements. Mais ce n'est pas non plus le thème central du manga.

Le thème central, reste bien la recherche de ce père disparu, et malgré les implications amoureuses, l'auteur n'oublie pas non plus cette intrigue... Bien plus riche là encore que dans l'animé. En effet, on cette histoire prend de l'ampleur au fur et à mesure. On apprend d'où vient le nom que se sont choisies les trois soeurs, pourquoi elles signalent leurs méfaits avant et surtout, le manga donne une réponse (ou un semblant, l'auteur aimant bien les fins ouvertes comme en témoigne City Hunter ou Family Compo) en fin d'aventure. Une fin d'aventure où il vous faudra préparer les mouchoirs.

D'autant plus que c'est beau... Ben oui, aux vues des premières planches, on peut crier au secours tant c'est très moche (et pour qui a commencé Tsukasa Hôjo avec ses oeuvres récentes, le choc sera encore plus terrible). Et pourtant, très vite, ça s'arrange, jusqu'à devenir agréable. Il valait mieux. Tsukasa maîtrise son style, les histoires s'enchaînent avec bonheur et bonne humeur, les intrigues se mêlent et s'entremêlent. C'est du tout bon.

A propos de l'animé :

L'animé passe donc pas mal de choses sous silence. C'est mieux ? Moins bien ? Pas de réponse tranchée. J'avoue que j'aime bien les deux. Assez différents pour qu'on s'intéressent aux deux justement. Tandis que le manga joue avec un côté humouristique très présent, l'animé joue la carte du sérieux à fond et est très prenant pour tout ce qui concerne les vols des tableaux par les Cat's. L'intérêt majeur de cette adaptation animée, aux très bonnes musiques (pour la version française, on regrettera juste l'incursion du générique vf -loin d'être le plus mauvais-) et aux graphismes très soignés (qui améliorent le trait de Tsukasa Hôjo, ce qui n'est plus vraiment le cas à partir de City Hunter -Nicky Larson-). Le point négatif de cette adaptation restera sans doute l'absence de fin. Plutôt frustrant.

Le manga a été publié chez Tonkam dans une édition deluxe qui regroupait 10 volumes (contre 18 en version originale) mais vous aurez bien du mal à les trouver actuellement puisqu'ils n'ont plus les droits du manga. L'auteur n'a pas voulu les renouveller pour qu'un seul éditeur assure toutes les adaptations de ses mangas et c'est Génération Comics qui en a hérité. A l'heure actuelle, City Hunter (version deluxe) est en train de ressortir en même temps que l'actuel manga d'Hôjo, Angel Heart.