Firefly
Buffy et Angel sont les séries les plus connues de Joss Whedon. Pourtant, on oublie trop souvent qu’il a fait autre chose et c’est dommage que M6 nous ait privé de la découverte de cette série… Avortée trop tôt.
FIREFLY
Avec : Nathan Fillion (Mal) ; Alan Tudyk (Wash) ; Adam Baldwin (Jayne) ; Summer Glau (River) ; Gina Torres (Zoe) ; Sean Maher (Simon) ; Morena Baccarin (Inara)…
Nombre de saison : 1 (14 épisodes) 2002/2003
Note : ***
Résumé : Après la défaite des Indépendants contre l’Alliance, Malcolm Reynolds (un Indépendant donc) se tourne vers une vie de voyageur à travers le Serenity, un vaisseau de type Firefly. A son bord, un ex-compagne d’arme (Zoe), un pilote chevronné (Wash), un mercenaire (Jayne) et une « compagne » (Inara). La fine équipe parcours les cieux afin de gagner leur vie de manière plus ou moins honnête selon les cas. Ils accueillent de nouveaux passagers à bords histoire de gagner un peu d’argent avec le transport. La plupart d’entre eux resteront et intégreront l’équipe. Que ce soit Simon, le médecin et sa sœur River ou encore le pasteur. De nouveaux éléments utiles lors de certaines missions. Mais il est rare que les choses se passent sans encombre et Simon et River sont tous les deux recherchés par l’Alliance. Ce qui va compliquer la tâche de Mal, déjà pas si simple… Mais River semble cacher un secret… Quel pourrait-il donc être ?
Avis : Le synopsis de départ avait tout pour me déplaire. Imaginez, un western (le seul que j’ai dû voir étant l’épisode de Xena dans le même style) et un space opera, les petits hommes verts en moins. En tant que bon fan de Whedon et ses séries, il fallait quand même que je teste. Et le mélange des genres aussi probable soit-il est parfaitement réussi. Pas étonnant de la part de celui qui a déjà fait des merveilles de ce côté-là. Le monde du western côtoie sans encombre un monde beaucoup plus moderne. On retrouve donc des tenues du far west (particulièrement seyantes d’ailleurs), des courses poursuites à chevaux pendant que dans un même temps les courses poursuites se terminent en vaisseau spatial et les armes laser fusent. Le tout, sans que ça paraisse acadabrantesque. Et comme Whedon et son équipe ne s’arrête pas à un défi près, il reconstitue plusieurs époques qu’on a connu par le passé pour en faire différente caste. Ainsi, les personnages les plus riches sont plutôt de l’époque fastueuse du XVIIIème siècle, genre Versailles (les perruques en moins) et en reprend les codes, notamment les duels (à l’épée). On y retrouve le luxe mêlé à la technologie moderne (voir un lustre dans un des épisodes, les bougies sont allégrement remplacées ici !). Inara et Simon sont deux exemples de ces « riches ». Pourtant, on peut trouver ça bizarre du côté d’Inara, puisque celle-ci est une dame de compagnie, une catin. Mais il se trouve qu’ici, c’est un métier très respecté, honorable même et qu’elles peuvent choisir leur clientèle. C’est donc un honneur d’être élu par une compagne (qui peut aussi bien s’adresser aux hommes qu’aux femmes). Un autre retour aux sources.
On pourrait d’ailleurs croire que Whedon abandonne ici sa touche de féminisme, mais il n’en est rien. En regardant les personnages de plus près, on s’aperçoit que malgré l’univers éminemment viril dans lequel évolue la série (si l’on s’en réfère à l’époque d’origine du western donc), les femmes ont plutôt le bon rôle. Inara est une dame de compagnie, mais son travail est réhabilité. Zoe, la seconde de Mal, tient les rênes du ménage (rappelons, puisque je ne l’avais pas encore fait, qu’elle est en couple avec Wash) et Kaylee est un petit génie des moteurs, une amoureuse de la mécanique, bref, un rôle habituellement dévolu aux hommes, aux vrais… Reste River, la petite fille chétive et craintive, arrachée aux bras de l’Alliance par son protecteur de frère et de docteur, Simon. Mais Whedon aimant nous réserver des surprises, on s’aperçoit bien vite que derrière son apparence, même à moitié folle, River pourrait bien cacher des dons insoupçonnés. C’est d’ailleurs l’un des personnages les plus intrigants et les plus réussis de la série. Même si elle apparaît peu au final. Quant à nos messieurs, le plus flagrant exemple pour dire qu’ils n’ont pas été gâtés par le Maître, c’est sans aucun doute Jayne, qu’on prononce « dgénie » mais qui n’a rien d’un génie justement. Il semble plutôt attardé qu’autre chose (mais sa force brute est toujours très utile). Mal, Wash ou le Pasteur sont heureusement plus gâtés. Même si Mal est assez maladroit dans ses rapports, notamment ceux avec Inara qu’il blesse souvent en rabaissant son métier.
La série est composée de loners, c’est-à-dire d’épisodes qui sont indépendant des uns des autres, d’ailleurs, lors de diffusion aux USA et l’ordre de production diffère, pourtant, il y a une certaine évolution au fur et à mesure des épisodes. Et honnêtement, commencer par le double premier épisode s’avère plus qu’utile pour rentrer dans la série. On pose les bases de l’univers et des personnages. De la guerre des Indépendants contre l’Alliance, de comment Mal en est devenu ce qu’il est. Les épisodes ne suivent pas vraiment de schéma prédéfini, même si c’est avant tout voyage, mission et essayer de rattraper ce qui a mal tourné. Mais les missions sont variées, les lieux et décors aussi. On y retrouve donc une structure similaire à un Xena, avec voyage (ici, pas forcément initiatique, même si forcément, ça forme quand même !) et nouvelles contrées rencontrées. Ce qui fait qu’on a quand une série agréable au final. Mais c’est aussi un de ses points faibles. Whedon devrait le savoir, il n’est jamais aussi bon que quand il fait du feuilletonnant. D’ailleurs, les meilleurs saisons d’Angel sont celles qui suivent cette trame (donc, plutôt les saisons 2 à 4). Ici, il y a quelques éléments, mais pas assez. Et pourtant, on sent qu’il y avait un fort potentiel et même que Whedon s’acheminait sûrement petit à petit vers une trame feuilletonnante. Mais contrairement à ses deux autres séries, il n’aura pas eu le temps d’en dire plus. On est donc laissé à nos questions. Qui est vraiment River ? Qui est le Pasteur ?
Firefly souffre aussi d’un rythme interne aux épisodes qui manquent d’un petit quelque chose pour être totalement accrocheur. Pas forcément d’action, vu que le plupart des missions tournent mal, on a le droit à nos bagarres, nos coups de feux et autre, mais la construction du scénario laisse parfois un peu perplexe. Sans être mauvais, ce n’est pas extraordinaire. Exception à la règle, le formidable épisode La Panne (1x08) qui maintient l’intérêt tout du long (pour plus de détails, voir ICI). Qu’à cela ne tienne, il reste tout de même les dialogues qui ont indubitablement la Whedon’s Touch, une série plutôt belle (bien filmée, des effets spéciaux agréables) et une musique merveilleuse qui régale les oreilles, entre Western et style classique (beaucoup de violons par exemple aussi). D’ailleurs, vu le parti-pris de Joss pour les voyages dans l’espace (un parti-pris réaliste, ce qui fait qu’on entend aucun son une fois dedans, donc pas de gros vaisseaux bruyants quand ils traversent l’espace intersidéral), autant dire que la musique est la bienvenue et qu’elle donne un cachet supplémentaire à la série et à ce genre de scène.
Conclusion : si la série n’est pas des plus originales (les « pirates » de l’espace au grand cœur, se battant contre le « gouvernement » en place rappelant forcément Albator, quelque part, et Mal ayant lui aussi un cœur d’or…), Joss Whedon offre une vision qui lui est propre, aux mélanges de style qu’on lui connaît et qui lui réussi dans l’ensemble. Les personnages sont attachants et les épisodes se laissent plutôt suivre, malgré quelques défauts évident qui fait qu’ils ont un peu de mal à décoller (un comble pour une série spatiale !). Mais pour tous les fans du monsieur, impossible de passer à côté (enfin, si la série avait été diffusée sur M6 ou sortie en dvd, ça aurait été plus facile, je le conçois aisément), ce serait dommage de bouder son plaisir. Et tant pis si on reste sur notre faim, puisque le problème est en parti réglé par la sortie du film Serenity fait suite à la série et qu’elle en propose une conclusion (j’y reviendrai plus tard).