Serenity
Après la fin prématurée de sa série Firefly, Joss Whedon et son équipe n’ont pas baissé les bras, les ventes dvd de la série étant bonnes, un nouvel espoir est né… Cela a donné naissance au film Serenity qui tente d’offrir une conclusion à Firefly.
SERENITY
Réalisateur : Joss Whedon
Avec : Avec : Nathan Fillion (Mal) ; Alan Tudyk (Wash) ; Adam Baldwin (Jayne) ; Summer Glau (River) ; Gina Torres (Zoe) ; Sean Maher (Simon)…
Note : **
Résumé : Serenity est un vaisseau de type firefly qui transporte en son sein une équipe de gens plus ou moins honnêtes. Mal, le capitaine du navire, décide d’employer River, une télépathe pas forcément très stable, dans un braquage, pour qu’elle mérite enfin sa place sur le vaisseau. Son frère Simon tente bien de l’en dissuader, mais c’est peine perdue. Le braquage se déroule bien, jusqu’à un imprévu : les Raffineurs. Des êtres violents et sanguinaires. Mal et son équipe ont à peine le temps de s’échapper et d’aller déposer la marchandise que les ennuis continuent de plus belle quand River se transforme tout d’un coup en machine à tuer. Qu’ont fait l’Alliance à cette pauvre petite fille ? Que va décider Mal après cette mésaventure ?
Avis : Serenity fait bien suite à la série Firefly. On peut sûrement voir le film sans avoir vu la série, l’intrigue étant finalement assez indépendante, mais on saisira mieux les relations entre les personnages, le comment ils en sont arrivés là. Les petits bouts de « mythologie » aperçues dans la série refont surface ici et sont expédiés dans le film. On nous plonge dans l’univers via une voix off qui se révèle être un professeur, un système habile de raccourci pour récupérer le téléspectateur lambda. Et très vite, on enchaîne sur le mystère River, le personnage le plus intrigant de Firefly. Télépathe, on avait déjà pu voir qu’elle savait très bien manier l’arme et qu’elle était plutôt intelligente dans son genre. Ici, elle passe au niveau supérieur. Et c’est elle qui amène l’histoire. Une histoire plutôt agréable dans l’ensemble, menée tambour battant, dans l’univers créé par Joss Whedon, mi-western mi-spatial, qui fait encore merveille ici. Au passage, la série se permet un vocabulaire un brin plus cru, des scènes un brin plus violentes.
Mais Whedon perd un peu au niveau des dialogues et perd beaucoup au niveau de la trame. On sent qu’on se serait tourné vers cette histoire à force, si la série Firefly avait pu continuer. Tout ce qui tourne autour de River le laissait pressentir. On explore un peu plus en profondeur l’univers de la série en donnant une explication aux Rapineurs. Seulement voilà, là où Whedon étend généralement l’intrigue sur plusieurs épisodes, faisant monter la sauce, dispersant les éléments (comme sur Buffy et Angel), ici, il n’a que deux heurs. Donc on va à l’essentiel et autant dire qu’on ne fait pas dans la dentelle de nuance. Sûrement regrettable. Puisque même les sacrifices, une manie de Joss qui réussi très bien en général, n’ont pas la force émotionnelle désirée. Je suis sûr qu’à l’intérieur de la série, les morts seraient beaucoup mieux passées, puisque sûrement pas aussi expédiées. Ici, faut que le récit avance, sans perdre de temps à pleurer. Tant pis, Whedon termine tout de même sur une bonne note (qui peut même arracher une ou deux larmes) et on est content d’avoir plus ou moins le fin mot de l’histoire en ce qui concerne River (même si on sent qu’on peut encore continuer l’aventure).
Petit problème, me concernant, c’est que par rapport aux derniers épisodes de Firefly, faire le raccord semble peu évident. Bien évidemment, il reprend des éléments qu’on avait plus ou moins perçu (comme le départ d’Inara, quelques amourettes internes au vaisseau) mais il nous manque un bon pour bien comprendre (notamment le départ du « Padre », le Pasteur). En parlant du Padre, idem, lui qui semblait cacher quelque chose, on n’en saura pas plus… Dommage (même si en deux heures Whedon ne pouvait pas caser ce qui aurait pu être une saison 2, c’est certain). Enfin, dernier petit point sombre, la musique de David Newman change un peu du style de Greg Edmonson et s’avère un peu moins belle ou moins dans l’image qu’on avait gardé de la série (heureusement que la chanson thème refait surface dans le générique de fin). Et puis, concernant la VF, si les voix sont les mêmes, je ne sais pas si ça vient des comédiens qui ont du mal à retrouver le timbre utilisé pour la série ou si c’est à cause d’une technique de doublage différente, mais on a un peu de mal à les reconnaître, ce qui est assez perturbant…
Conclusion : Pour tous ceux qui ont vu la série, le film s’avère un complément indispensable pour ne pas rester frustrer. Si on peut avoir un peu de difficulté à retrouver l’ambiance de la série, on obtient les réponses désirées. Et c’est un certain plaisir que de revoir les personnages qu’avait créé Whedon, ainsi que son univers finalement attachant. Pour les non-fans de Whedon et ceux qui n’ont pas vu la série, ça reste tout à fait dispensable, Whedon restant vraisemblablement meilleur sur les séries plutôt que les films. Et on ne pourra malheureusement pas voir ce que ça donne sur Wonder Woman, puisque celui-ci a abandonné le projet, il était pourtant bien placé. Mais vu qu’il a d’autres choses sous le coude, gageons que le nouvel essai arrivera à terme et que l’on pourra enfin voir s’il n’était l’homme que de trois séries ou s’il peut encore nous surprendre agréablement.