Angel Heart
City Hunter vous manquait ? Et si je vous disais qu'il y a un moyen de le retrouver... Mais est-ce vraiment encore le même ?
ANGEL HEART
Nombre de Volumes : 20 -en France- (toujours en cours)
Editeur : Panini Manga
Note : ****
Résumé : Kaori, la partenaire de Ryô, est morte suite à un accident de camion.
C’est du moins ce que tout le monde croyait, avant de voir apparaître
une tueuse dénommée "Glass Heart" recherchant Ryô à travers tout Tokyo.
Ryô comprend peu à peu que le cœur de Kaori s’est vu transplanté dans
le corps de Glass Heart et que parallèlement à ce transfert, Glass
Heart s’est vue aussi transférer les souvenirs de Kaori et sa grande
gentillesse. Les premiers tomes nous présentent comment Glass Heart va
retrouver Ryô, et comment cette course-poursuite va entraîner la mise à
feu et à sang de Tokyo, le Qing long (mafia chinoise) souhaitant
récupérer son assassin. Après la défaite du Qing long, Ryô décide de
redevenir un hunter, aidé par Glass Heart. De nouvelles missions se
dessinent autour de notre nouveau couple de héros. (Source : Shinmanga)
Avis : Les premiers mots qu'on lit avec le premier tome du manga sont ceux du mangaka qui nous avertit gentiment qu'il ne s'agit nullement d'une suite de City Hunter, mais un univers alternatif avec des personnages portant les mêmes visages et les mêmes noms. Ce à quoi on a beaucoup de mal à croire étant donné l'univers très proche auquel on a affaire. On peut même dire que de nombreuses références à son ancien manga sont disséminées au fil des histoires. Certes, certaines choses mettent la puce à l'oreille, comme l'absence de Miki (femme de Falcon et soeur de Saeko Nogami) et des petits détails qui ne cadrent pas vraiment avec ce qu'on connait. Mais il faut bien avouer que ça semble plus être une facilité de l'auteur qui ne voulait pas reprendre certains éléments ou en introduire de nouveau, le tout sans se prendre la tête avec la cohérence de l'ensemble. Pourtant, on peut se dire que certaines choses que l'on ne connaissait pas (notamment sur Kaori) pourraient venir de la période se situant entre City Hunter et Angel Heart. Donc, rien de définitivement clair, on peut tout à fait prendre ce manga pour la suite du manga phare de Tsukasa Hôjô, il ne faudra juste pas être pointilleux sur la cohérence du tout. On y retrouve les principaux éléments : Ryo Saeba et son mokkori (ou "coucou" dans la version française de J'ai Lu), Falcon, Saeko et le café Cat's Eye. On retrouve aussi l'ambiance sombre des débuts et fins de City Hunter et l'univers guerrilleros ou plutôt de la mafia chinoise ici. Un peu déroutant, notamment au niveau des noms quand on est pas tellement habitué.
Le trait de Tsukasa Hôjo a beaucoup évolué avec le temps et semble s'être maintenant stabilisé, toujours de toute beauté et très photo-réaliste (sauf dans les cas non-sérieux !). La construction des planches aussi. Rien de révolutionnaire, c'est très carré, très propre, net et lisible. Le mangaka se permet juste quelques délires visuels toujours en adéquation avec le propos et la rupture de ton permet le plus souvent des blagues bienvenues, moins présentes que dans feu son prédécesseur. Parce que oui, le manga joue avant tout sur une grande mélancolie. Rien que le point de départ est une ode entière à pleurer (et le maître est très fort à ce jeu-là) avec une Kaori qui est morte et une A-Xiang (Glass Heart) qui ne sait plus très bien où elle en est, qui découvre petit à petit un panel d'émotions qu'elle n'imaginait pas avant d'avoir le coeur de Kaori. Et la plupart des histoires proposées dans le manga sont de la même teneur, des fantômes du passés qui ressurgissent. Notamment pour les protagonistes principaux. Assez souvent, l'intrigue du jour ne sert que de déclencheur à pousser toujours un peu plus le fond des personnages. Que ce soit Saeko et son lien avec Makimura ou encore Xiang-Ying et son passé dans la Zheng Dao Hui, Tsukasa Hôjo maltraite ses personnages sentimentalement parlant. Et ça marche la plupart du temps. Il faut aussi bien admettre que le début est un peu long. On se concentre sur l'intégration d'A-Xiang et sur le combat contre la Zhend Dao Hui. Petit à petit l'esprit City Hunter revient, le coeur de Kaori prenant de plus en plus de place, déteignant parfois carrément sur le petit bout de chou -façon de parler- adoptif de Ryo Saeba (qui l'eu crut !) qui sortira une ou deux fois la massue en souvenir du bon vieux temps. Et même si Kaori est morte, elle est un personnage essentiel de ce récit. Elle est le moteur même de l'histoire, celle qui réunit notre petit groupe, à nouveau, qui redonne à City Hunter le courage de refaire surface. Et quoi de plus beau que ce dialogue avec le coeur ?
Conclusion : Suite ou pas suite de City Hunter, le manga vaut en tout cas le détour. Mélancolique à souhait, avec de l'action et de nombreuses références au manga du passé, de quoi satisfaire les vieux de la vieille comme les nouveaux lecteurs. On reconnaît bien la patte Tsukasa (trop diront peut-être certains, c'est vrai qu'on peut avoir cette impression qu'il nous ressert un peu la même recette, mais qui fonctionne toujours) et l'édition française est soignée.