Mon Comeback

Le retour des Friends à la télévision n’a pas forcément été couronné de succès… Mérité ou non ? C’est Lisa Kudrow qui ouvre le bal (enfin, d’ailleurs, les autres ne suivront peut-être pas… >.< ).

MON COMEBACK (The Comeback)

Créée : Lisa Kudrow & Michael Patrick King

Avec : Lisa Kudrow (Valérie Cherish) ; Laura Silverman (Jane) ; Robert Michael Morris (Mickey) ; Damian Young (Mark) ; Malin Akerman (Juna) ; Robert Bagnell (Tom)...

Nombre d’épisodes : 13 (2005/2006)

Note : ****

Résumé : Valérie Cherish est une star sur le retour. Après une sitcom à succès (Moi, c’est Moi !), elle est tombée dans l’oubli. Pour revenir, elle est prête à tout et à donc à se plier aux exigences de la télé d’aujourd’hui : la télé-réalité. C’est ainsi qu’elle va faire un doublé. Puisque pour son émission de télé-réalité, elle intégrera une nouvelle sitcom intitulée Chambre Sous Tension (Room and Bored). Malheureusement pour elle, son envie de retrouver la célébrité à tout prix ne va pas être de tout repos. Les mauvaises surprises sont légions, à commencer par un cast rajeuni où elle n’a plus vraiment sa place, reléguée en second plan derrière le personnage de Tante Sassy et son horrible jogging rose pâle. Valérie réussira-t-elle son comeback ? Et supportera-t-elle toutes ses caméras intrusives ?

Avis : Cette série est signée HBO, reconnue par beaucoup de sériephiles comme une véritable marque de qualité… A raison (même si parfois, j’ai l’impression que c’est « forcément bien » parce que c’est HBO… A méditer). La série n’aura tenue qu’une saison, de treize épisodes. Alors, la faute à la série ? Pas vraiment. Non pas que celle-ci soit nulle mais le sujet peut fâcher… Surtout nos amis Américains accro à la télé-réalité. Et le parti pris de Mon Comeback, c’est bien d’en explorer les coulisses à la « manière de », en égratignant le système. Ce brouillage de piste peut légèrement perturber : vrai télé-réalité ou comédie savamment orchestrée ? Heureusement que Lisa Kudrow est là pour mettre les points sur les « i ». En interprétant Valérie Cherish avec cette star connue du monde entier grâce à son ex série Friends, on sait qu’on a affaire à un rôle de composition. Ou presque. Si le décalage est certain (il ne s’est pas passé autant de temps entre Friends et Mon Comeback), les similitudes ne peuvent pas manquer d’embrouiller un peu plus. Mais c’est là aussi l’intérêt de cette série qui explore différentes facettes d’un système. Tout d’abord, en ligne de mire, la fameuse télé-réalité, ensuite la star et enfin les coulisses de la télé et des tournages d’une série.

Et c’est Lisa Kudrow qui porte le show sur ses épaules. Dans tous les plans ou presque, seul personnage vraiment principal de la série (même si Mickey, son coiffeur attitré, ou Mark, son mari, figurent en bonne place et sont bien présents), elle campe une Valérie Cherish plus vraie que nature, à mille lieu d’une Phoebe Buffay (même si on y retrouve quelques expressions familières… :P ). Ex-star déchue, Valérie est quelque peu narcissique, très soucieuse de son image avant tout et encore persuadée d'être la star qu'elle était il y a quelques années. Un personnage qui pourrait être vite imbuvable. C’est sans compter, d’une part sur l’interprète, d’autre part sur le fait que la pauvre Valérie se retrouve humiliée de toutes les façons possibles. Qu’elle soit obligée de passer un casting, de porter un horrible survêtement rose pâle ou qu’elle soit légèrement mise de côté par les autres acteurs de la série, les situations où perdre la face ne manquent pas. Pourtant, Valérie sourit. Certes, elle fait bonne figure devant les caméras, on le sent à plusieurs reprises, c’est un masque qui tombe parfois même si elle cherche à s’isoler. Mon Comeback n’est donc pas une sitcom ou une comédie où l’on peut rire à gorge déployée. Non, c’est de l’humour sadique et dérangeant, marqué par ces moments de faiblesse où Valérie est bien seule malgré le fait qu’elle soit entourée de caméras et de gens… Qui ne peuvent rien faire pour elle afin de pas pénétrer dans la « réalité ». Heureusement pour nous et heureusement pour Valérie, cette dernière a tout de même le droit à quelques moments de gloire qui lui permettent de continuer.

Elle a bien du courage, parce qu’elle n’est pas aidée, à commencer par le staff de la série Chambre Sous Tension, entre un réalisateur qui ne supporte pas qu’elle s’immisce dans la production et un scénariste (Paulie G.) qui ne l’aime pas du tout, la vie sera rude. Et ce sont ces personnages secondaires qui arrivent aussi à faire le sel de la série. En effet, si ces personnages ne sont qu’esquissés (pourquoi Paulie G. est-il aussi méchant ? Qui est vraiment Jane ?), ils sont parfait dans leur rôle, deviennent vite familiers et servent parfaitement le récit, ces images non-montées de l’émission de Valérie. Sans eux, pas de combeback qui tienne. D’ailleurs, sans eux, pas d’exploration dans les coulisses de tournage d’une sitcom. Parce que mine de rien, c’est aussi ça qu’il y a en arrière plan. Si ça n’est pas présent dans tous les épisodes, ça n’en demeure pas moins une partie importante de la série (la vraie, celle que vous regardez) et une partie passionnante par ailleurs. Bah oui, parce que c’est bien beau de regarder plein de séries mais c’est aussi très bien de savoir un peu ce qui se passe en coulisses. Donc des réunions de pré-tournages aux répétions au tournage, on fait le tour de « comment se tourne une sitcom », un making-of fictionnel plutôt intéressant. Tout comme celui des coulisses de la télé-réalité… Parce que, oui, ce qu’on voit, ce sont bien les coulisses. Des images bruptes non-montées comme indiqué à chaque début d’épisode. Bref, la vrai réalité. Celle qui sera ensuite déformée par les montages qui seront fait. Celle que nous connaissons. Celle qui nous manipule.

Conclusion : Mon Comeback est un petit condensé de beaucoup de choses en treize épisodes seulement. Treize épisodes qui ne laisseront pas sur la faim, malgré l’annulation, la boucle est bouclée. En parlant de ça, la série en fait une jolie boucle : une série qui tourne les coulisses d’une télé-réalité qui tourne les coulisses d’une série… C’est ce qu’on appelle un joli brouillage de pistes. Surtout que la série se présente vraiment comme une émission de télé-réalité, les petites interviews à côtés, les scènes prises sur le vif… D’ailleurs, un style auquel il faut s’habituer (mais on s’y fait vite et ce n’est pas aussi mal de mer qu’un pilote de Friday Night Lights… C’est même beaucoup mieux réalisé) mais qui fait finalement tout le charme de la série. Une Lisa Kudrow excellente (qui ne retrouve pas sa voix de Friends dans la VF de la série, ce qui aidera les gens à se détacher encore un peu plus, si le look rouquine n’a pas assez aidé), une série dépouillée de tout univers musical sauf à de rares occasions (le générique de fin, qui nous gratifie d’un joli Survivor au premier épisode) qui donne un côté « réaliste » à la série, des personnages secondaires auxquels on s’attache (je citerai notamment Jane, Tom et Billy), une série qui nous fait visiter l’envers du décor (les remises de prix, les émissions promo, les séances photos…). Bref, à ne pas manquer, ça se dévore sans indigestion… ^_^