Alors finalement, les bonnes critiques d’Ugly Betty, méritées ou non ? Après la première saison diffusée par TF1, petit bilan…
UGLY BETTY – Saison 1
Créée par : Silvio Hora & Fernando Gaitan
Avec : America Ferrera (Betty) ; Eric Mabius (Daniel) ; Tony Plana (Ignacio) ; Alan Dale (Bradford) ; Vanessa Williams (Wilhelmina) ; Michael Urie (Marc)…
Nombre d’épisodes : 22 (2006/2007)
Cote d’amour : ***
Résumé : Betty Suarez, 22 ans, se retrouve
soudainement propulsé dans le monde très superficiel du magazine Mode après une
tentative d’entretien d'embauche ratée. Comme d’autres, elle doit son poste à son physique.
Mais contrairement aux autres, ce n’est pas pour sa beauté fulgurante, c’est
plutôt pour son physique ingrat, surtout dans ce monde fait de beautés
parfaites. Et pourquoi cet emploi ? Eh bien pour devenir l’assistante de Daniel qui
prend les rênes de Mode, un magazine de Meade Publications, à la tête duquel il
y a Bradford Meade, le père de Daniel qui ne souhaite plus voir son fils n’être
qu’un dragueur invétéré qui saute sur tout ce qui bouge, notamment sa secrétaire. Mais cette nomination
fait mal à Wilhelmina qui pensait devenir la rédactrice en chef, après la mort
de Fey qui a eu un accident de voiture. Alors que Betty s’habitue à son nouvel
environnement, fait de critiques, elle doit aussi composer avec sa famille. Son
père mais aussi sa sœur qui a un fils. Tout ça sous le même toit, en banlieue. Avec son
physique particulier, Betty réussira-t-elle à survivre dans ce monde
hostile ?
Avis : Cette histoire vous dit plus ou moins
quelque chose ? Normal ! Déjà, qui ne connaît pas Ugly Betty
et son destin (pas de Lisa, mais presque…) ? Ensuite, il s’agit donc de
l’une des nombreuses déclinaisons de la telenovela colombienne Yo Soy Betty
la Fea, dont on connaît surtout le pendant Allemand : Le Destin de
Lisa. Mis à part cette origine commune, les deux ne jouent pas dans la même
cour : romantisme/sentimental pour
l’un et comédie parodique pour l’autre… En gros. De là, les fans de l’un ne
seront pas obligatoirement fans de l’autre. Autre point à établir, les bonnes
critiques qui ont précédé l’arrivée de la série en France. Et les audiences qui
n’ont pas forcément été aussi excellentes qu’espérées (mais la série avait fort
à faire avec le troisième épisode de FBI : Portés Disparus en
face). Ce qui a sans doute plus ou moins dérouté les aficionados c’est un
certain rejet de la série (trop comparée au Destin de Lisa ; série
pas franchement parodique), que d’aucun auront mis sur une mauvaise VF,
plate, ne retranscrivant pas bien les personnages… Les petites remarques habituelles
qui finissent par ne plus rien dire tant c’est le même refrain à chaque série
en gros. Hors, il me semble que la vérité est toute autre. Les gens qui
« vendent » la série à ceux qui ne l’ont pas vu, jugent sur la saison
entière. Ceux qui regardent pour la première fois ne peuvent juger que sur les
épisodes qu’ils ont vu. Comme on est dans un monde impitoyable où tout doit
séduire tout de suite, sans laisser sa chance à une série, le verdict est vite
tombé pour certains.
Cela dit, pas la peine de faire un ulcère ou de crier au
scandale et de toute mettre le dos sur une « mauvaise » VF au casting
impressionnant (ce qui plaira ou non d’avoir toutes ces voix connues, mais je
persiste, c’est que du bonheur), parce qu’il faut tout simplement mettre ça sur
le compte d’une série qui prend son temps pour décoller. De toute manière, la
VF ne remet pas en cause les intrigues de la série. Elle peut éventuellement
plomber certaines blagues, mais ce n’est pas vraiment ce sur quoi repose la
série. Donc c’est juste faire un mauvais procès d’intention. Il faut bien
avouer que la série se cherche au début. Lors d’une grosse première moitié de
saison même. Si le côté parodique (tant vanté) se trouve déjà présent, on a du
mal à le distinguer très clairement, puisqu’il est, en quelque sorte, absorbé
par des histoires classiques de soap qui ne sont pas parodiques pour le coup. Ainsi, tout effet est annihilé et le plaisir s’en ressent. On regarde
poliment la série, on sourit à une ou deux reprises (mais pas trop, parce que
bon, c’est quand même du ressort classique de comique au début, quand Betty
tombe, on s’y attend forcément) et on se dit : « mais bon sang,
qu’est-ce que ça peut nous barber cette histoire de personne mystère ».
Parce que c’est pas tant l’histoire d’amour, obligatoirement tumultueuse, entre Betty
et Walter qui plombe la série, ni même le fait que Betty soit celle qui vole au
secours de Daniel à chaque épisode ou presque, déjouant les plans diaboliques
de ceux qui veulent prendre sa place, mais bien l’intrigue de cette femme
mystère, dont on sent venir des kilomètres à la ronde ce qui se trame. Une
fausse bonne idée. C’est peu intéressant, même si la chute se révèle, pour le
coup, plutôt inattendue (bien qu’on appuie assez grossièrement sur les faits
pour pouvoir prévoir, en fait !! Si j'ai réussi à deviner, c'est que ce n'était pas si dur... Le prix à payer pour la cohérence ? Pas si sûr...). En voulant jouer le jeu du
« faux-mystère », de la personne qu’on ressuscite (la morte pas
morte, puisqu’on parle de Fey) comme dans les bons vieux soap, la série se perd
un peu en chemin.
Mais, une fois qu’on a ce mystère de révélé, la série prend
enfin son envol. Il aura fallu plus d’une douzaine d’épisode, mais ça y est.
Elle prend le pli, devient de plus en plus déjantée pour enfin devenir
réellement plaisante, avec les critiques qui deviennent méritées pour le coup.
Là où le début de saison jouait finalement timidement sur la parodie, elle
explose en seconde partie. Mieux, là où le côté drame faisait suer, le mélange
devient beaucoup plus agréable, mieux intégré. Même si la série est largement
moins intéressante quand son côté sérieux prend le dessus (et à ce jeu-là,
c’est un peu en dent de scie, même si ce sont des épisodes plus ou moins
nécessaires pour l’histoire en général). Le final est à ce titre assez explosif
et prend un malin plaisir à prendre tous les grands ingrédients vu dans les soap (et surtout ceux vus dans les fins de saisons),
les secouent et nous sort des situations largement clichées mais tellement
bonnes et bien amenées, avec une accumulation qui frôle l'indécence ! On en redemanderait presque ! Chouette, la série
est renouvelée. Cela étant dit, revenons sur des points particuliers de la
série. Notamment sur sa réalisation. Ne pas avoir peur des transitions à gogo.
Le monteur a semble-t-il découvert Movie Maker (ou tout autre logiciel de
montage « amateur ») et adore les transitions. On ne peut pas l’en
blâmer, mes premiers montages en étaient remplis. Sauf que ça peut vite devenir
saoulant et que ça l’est parfois (ça donne même la nausée à certains moments).
Mais petit à petit, les transitions se font plus créatives et donc plus
intéressantes, servant la narration avec un certain bonheur, donnant du
dynamisme au récit. On avait plus vu ça à la télé depuis un moment (maintenant,
on fait plutôt dans la sobriété, sauf à de rares exceptions).
Du côté des personnages, comme souvent, ce sont les
faire-valoir qui marquent plus que les protagonistes principaux. Ainsi, c’est
justement Marc qui arrive en tête. Marc est un cliché homo (travaillant dans la
mode, légèrement efféminé, langue de vipère acérée) mais ses mimiques
cartoonesques sont irrésistibles. Il fait la paire, qu’il soit avec Amanda, sa
meilleure copine ou Wilhelmina, sa vilaine patronne, à qui il sert clairement
de « toutou ». Leurs relations sont particulières mais plutôt drôle
(et d’ailleurs, un épisode vaut le détour où Wilhelmina et lui sont légèrement
perdus dans un monde hostile ! :D ). Et même si on a souvent affaire
avec des clichés (la secrétaire un peu écervelée, le bogosse de service qui
drague tout ce qui bouge, la cruelle patronne qui cherche à devenir le calife à
la place du calife, le comptable au look ringard…), c’est pour mieux en rire et
servir la cause du récit. De là, on ne pourra pas dire que la série réhabilite
l’homo avec un regard neuf et différent, puisque les deux figures principales
sont efféminées. Mais pour le coup, c’est osé de proposer un personnage tel que
Justin. Fils d’Hilda, la sœur de Betty, celui-ci assume en effet sa différence,
et tout cela semble naturel à sa famille, qui le soutient. La série s’arrête
alors sur ce genre de problème, ou sur celui lié aux conditions latino.
Notamment avec Ignacio qui va nous faire aller de surprise en surprise. Et
c’est un autre des charmes de la série, même si c’est la partie plus
« drame » et sérieux…
Conclusion : Finalement, après le premier épisode, je ne pensais pas que j’en aurais tant à dire… *blush* Mais il faut laisser le temps au temps et aux séries de trouver leurs marques. Même si je ne suis pas fan des épisodes trop sérieux, il n’en demeure pas moins que la deuxième partie de saison est bien meilleure que la première, que certains personnages viennent donner du piment à la recette et que la folie des créateurs est alors salvatrice. Plus que la fausse émission qu’on aperçoit parfois au cours des épisodes et peut-être plus encore que la fausse telenovela que regarde Ignacio (l’une des vraies bonnes idées de la première partie de la série et que j’adore ! Pour le coup, on sentait bien la parodie ici ! :D). A noter une pluie de guests connues, dont l’ancienne Madame est Servie Judith Light dans un rôle plutôt croustillant (même si là aussi, il ne faut pas se fier aux premières apparitions de l’actrice). Voilà, la série aura mis le temps, mais elle m’a fait passer un bon moment. Il n’y a plus qu’à voir si la deuxième saison saura ou non continuer sur cette lancée.
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